Contes cruels

Les contes réunis par Villiers sont d'une grande diversité. Leur dénominateur commun est, selon l'auteur, la cruauté. En effet, Villiers y montre sans fard, avec cynisme parfois, les travers de ses contemporains qui semblent bien cupides (Virginie et Paul), sots et superficiels (La machine à gloire). Néanmoins, les Contes ne bornent pas, loin s'en faut, à une critique du temps : le fantastique (L'Intersigne), genre en vogue, est représenté. Surtout, au travers de la plupart des Contes transparaissent un sens du tragique et une poésie conformes à leur auteur, aristocrate ruiné, dramaturge sans succès et amoureux du Beau.

By : Auguste Villiers de l'Isle-Adam (1838 - 1889)

01 - Les Demoiselles de Bienfilâtre



02 - Véra



03 - Vox Populi



04 - Deux Augures



05 - L'Affichage céleste



06 - Antonie



07 - La Machine à gloire



08 - Duke of Portland



09 - Virginie et Paul



10 - Le Convive des dernières fêtes, première partie



11 - Le Convive des dernières fêtes, deuxième partie



12 - À s'y méprendre



13 - Impatience de la foule



14 - Le Secret de l'ancienne musique



15 - Sentimentalisme



16 - Le Plus beau dîner du monde



17 - Le Désir d'être un homme



18 - Fleurs de ténèbres



19 - L'Appareil pour l'analyse chimique du dernier soupir



20 - Les Brigands



21 - La Reine Ysabeau



22 - Sombre récit, conteur plus sombre



23 - L'Intersigne



24 - L'Inconnue



25 - Maryelle



26 - Le Traitement du docteur Tristan



27 - Conte d'amour



28 - Souvenirs occultes



29 - L'Annonciateur


LES DEMOISELLES DE BIENFILÂTRE

À Monsieur Théodore de Banville.

De la lumière !…
Dernières Paroles de Gœthe.

Pascal nous dit qu’au point de vue des faits, le Bien et le Mal sont une question de « latitude ». En effet, tel acte humain s’appelle crime, ici, bonne action, là-bas, et réciproquement. — Ainsi, en Europe, l’on chérit, généralement, ses vieux parents ; — en certaines tribus de l’Amérique on leur persuade de monter sur un arbre ; puis on secoue cet arbre. S’ils tombent, le devoir sacré de tout bon fils est, comme autrefois chez les Messéniens, de les assommer sur-le-champ à grands coups de tomahawk, pour leur épargner les soucis de la décrépitude. S’ils trouvent la force de se cramponner à quelque branche, c’est qu’alors ils sont encore bons à la chasse ou à la pêche, et alors on sursoit à leur immolation. Autre exemple : chez les peuples du Nord, on aime à boire le vin, flot rayonnant où dort le cher soleil. Notre religion nationale nous avertit même que « le bon vin réjouit le cœur ». Chez le mahométan voisin, au sud, le fait est regardé comme un grave délit. — À Sparte, le vol était pratiqué et honoré : c’était une institution hiératique, un complément indispensable à l’éducation de tout Lacédémonien sérieux. De là, sans doute, les grecs. — En Laponie, le père de famille tient à honneur que sa fille soit l’objet de toutes les gracieusetés dont peut disposer le voyageur admis à son foyer. En Bessarabie aussi...

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